Impossible de respecter la Loi Transition Énergétique en allongeant la durée de vie des centrales !
Lors d’une intervention télévisée le dimanche 28 février dernier, Ségolène Royal, la Ministre de l’environnement, de l’énergie et de la mer, annonçait qu’elle était « prête » à prolonger de 10 ans la durée de vie des centrales nucléaires françaises. La ministre, rappelons-le, est également chargée des relations internationales sur le climat et présidente actuelle de la COP 21.
Outre le statut de Mme Royal, qui devrait faire d’elle la défenseure de la transition énergétique au sein du gouvernement, en France et dans le monde, cette annonce va à l’encontre de la loi de transition énergétique de 2015 qui prévoit de ramener la part du nucléaire à 50% dans la production électrique française. Comme le souligne Alain Grandjean dans une analyse récente, ou la Cour des Comptes dans son rapport annuel, respecter les objectifs de la loi de Transition Energétique suppose de fermer un à deux réacteurs par an, 17 à 20 réacteurs en dix ans. Allonger la durée de vie des centrales existantes va donc à l’encontre des ces objectifs de réduction de la part du nucléaire, de façon évidente !
La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), dont la sortie du dossier finalisé a été reportée sans que le Ministère confirme une nouvelle date de présentation, est censée permettre une application rapide et structurée de la loi Transition énergétique. Or, on voit mal comment le ministère de l’environnement pourrait proposer une PPE suffisante pour respecter les objectifs de la loi tout en annonçant par ailleurs une prolongation de la durée de vie de nos centrales nucléaires de 10 ans, sauf à présenter un habillage trompeur destiné à cacher le maintien effectif d’un parc nucléaire vieillissant et dangereux, ou reporter l’impulsion à donner à la mandature suivante !
Mon inquiétude est d’autant plus grande quand je vois qu’EDF s’enferme dans le tout nucléaire et s’obstine a investir dans la technologie des EPR, technologie qui n’a toujours pas fait ses preuves. Alors que nous connaissons le surcoût colossal de l’EPR de Flamanville (10,5 milliards d’Euros au lieu de 3 prévu initialement), EDF continue à investir dans l’EPR d’Hinkley Point au Royaume-Uni et ce avec un montage financier plus que bancal . Le directeur financier d’EDF, Thomas Piquemal, a ainsi annoncé sa démission pour cause de désaccord sur le projet ! Encore une fois le gouvernement peine à avoir une ligne claire, le Ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, soutient ce projet qui risque d’affaiblir grandement le groupe EDF ; et Ségolène Royal, de son côté, a affirmé lors des questions au gouvernement du 9 mars que la branche Energies Renouvelables était une branche d’avenir puisqu’elle crée des emplois et qu’elle est bénéficiaire. Pourquoi donc continuer à orienter les investissements vers le nucléaire si controversé alors que la Ministre elle-même souligne que l’avenir et les emplois de demain résident dans le développement des énergies renouvelables ?
Comme le collectif d’associations environnementales réunissant la Fondation Nicolas Hulot, France Nature Environnement, le CLER – Réseau, j’attends du gouvernement qu’il présente rapidement la Programmation Pluriannuelle de l’Energie, dont nous étudierons avec la plus grande attention la concordance avec la loi sur la Transition énergétique. Espérons que la volonté politique ne s’inclinera pas une fois encore devant le lobby du nucléaire, au détriment des Français, des pays frontaliers et de la planète.