Nouveaux indicateurs de richesse : redonner du sens à nos politiques publiques

Retrouvez ci-dessous la tribune de votre députée Eva Sas publiée dans le JDD sur la loi « Sas » alors que le gouvernement doit rendre public ce mardi 27 octobre un rapport sur les nouveaux indicateurs de richesse.

 
TRIBUNE – Alors que le gouvernement doit rendre public mardi un rapport sur les nouveaux indicateurs de richesse, quatre parlementaires – les écologistes Eva Sas et André Gattolin, et les socialistes Jean Launay et Monique Rabin – estiment qu’ils « doivent devenir un outil d’évaluation plus qualitatif et partagé du progrès réel de notre société ».

En France et depuis les années d’après-guerre qui ont vu la reconstruction du pays, le PIB, instrument traditionnel d’appréciation de la croissance, joue un rôle central dans l’orientation et l’évaluation de nos politiques publiques. Il s’est érigé, au fil du temps, en mesure unique du progrès d’une société. Cet indicateur a cependant montré des limites, flagrantes. Le PIB ne dit rien en effet de la répartition des revenus, de niveau et de la qualité de l’emploi dans notre société, de la richesse apportée par les relations sociales, de la protection de l’environnement, de l’interaction entre les cultures, de la bientraitance des enfants, de la santé ou du niveau d’éducation de la population. Il occulte la dégradation du capital naturel que nous laisserons aux générations futures…

Face aux mutations économiques, sociales et environnementales auxquelles nous devons collectivement faire face, nous avons à la fois besoin d’instruments de pilotage au service d’un projet de société et d’outils pour nous projeter vers l’avenir. L’adoption de la loi Sas en avril dernier, marque un changement profond, puisqu’il rompt avec la puissance exclusive du PIB. A la suite de cette loi de nouveaux indicateurs du progrès humain, mis au point par France Stratégie et le Conseil économique, social et environnemental ont été identifiés et validés par une consultation citoyenne. Sept ans après le rapport de la commission Stiglitz, et alors que de nombreux pays comme la Grande Bretagne, la Belgique, ou l’Australie se sont déjà dotés d’indicateurs complémentaires au PIB, la France prend le chemin de la modernité en se dotant de dix indicateurs de progrès répondant à deux objectifs : connaître au plus près de la réalité la qualité de vie quotidienne des Français pour mieux l’améliorer, et préparer le long terme en évaluant les conséquences de notre choix d’aujourd’hui sur l’environnement et le patrimoine économique de demain.

Ce mardi, le gouvernement rend public le rapport sur ces nouveaux indicateurs, officialisant ainsi une approche plus diversifiée et plus équilibrée de l’état de notre pays. Inégalités de revenus, espérance de vie, sorties précoces du système scolaire, empreinte carbone, artificialisation des sols : un portrait de la France sous un angle différent. Mais au-delà du portrait, une boussole. Une boussole pour redonner du sens à nos politiques publiques et pour bâtir une France plus juste, plus douce, plus respectueuse de l’environnement…
Ce rapport est une première étape. Cette approche nouvelle du progrès doit mainteanant être ancrée, dans les documents budgétaires, et les études d’impact de la loi. Nous voulons la stabilisation de la liste de ces indicateurs, qui doit être gravée dans le marbre pour traverser les mandatures et permettre une appropriation par les gouvernants, parlementaires, économistes, journalistes, et bien sûr nos concitoyens. Les nouveaux indicateurs de richesse doivent devenir un outil d’évaluation plus qualitatif et partagé du progrès réel de notre société en matière de bien-être, d’environnement d’égalité de revenus, d’éducation et santé. A ces conditions, un nouveau modèle permettra d’inventer la France de demain.
* Par Eva Sas, députée EELV, André Gattolin, sénateur EELV, Jean Launay, député (PS), Monique Rabin, députée (PS).

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