Pour une solidarité internationale au-delà des clivages partisans
Retrouvez la tribune que j’ai co-signé dans Libération et qui appelle les candidats à la présidence de la République à s’engager à augmenter la contribution de la France dans la lutte contre l’extrême pauvreté dans le monde.
Un groupe de parlementaires de tous bords politiques s’unissent pour expliquer d’une seule voix l’importance de la contribution de la France dans la lutte contre l’extrême pauvreté dans le monde.
En ces temps électoraux, les thèmes abordés lors de la campagne présidentielle par les candidat-e-s que nous soutenons respectivement nous divisent parfois faiblement, parfois clairement, parfois brutalement. Il existe cependant un sujet qui fait consensus, au travers duquel une mobilisation transpartisane s’est organisée : l’aide publique au développement.
Depuis plusieurs années, dans les commissions, les groupes de travail et au sein des hémicycles de l’Assemblée nationale et du Sénat, parlementaires de gauche, de droite et du centre, nous défendons ensemble cette politique publique et œuvrons à en faire un élément central de la diplomatie française. En 2017, après plusieurs années de coupes, l’aide française sera en augmentation : ainsi la France se remet enfin sur les rails pour atteindre l’objectif fixé dans les années 70 et maintes fois réitéré d’allouer 0,7% du revenu national brut à l’aide publique au développement.
Mais les efforts à fournir et le chemin à parcourir sont encore longs. Le monde évolue et la réponse que la France souhaitera y apporter sera déterminante. Dans un monde globalisé et interdépendant, face à la montée des extrêmes, aux défis climatiques, aux inégalités grandissantes, à la recrudescence des conflits armés, le développement des régions du monde les plus fragiles mérite toute notre attention. Soutenir l’égalité de genre, l’accès à la santé, à l’éducation, à la nutrition, ou à l’eau dans les pays les plus pauvres, s’assurer que tous les jeunes aient de véritables perspectives d’avenir, que les femmes aient les mêmes droits que les hommes, encourager les initiatives citoyennes d’ici et d’ailleurs, lutter contre la corruption et poser les bases de sociétés stables et pacifiques, est dans l’intérêt de tous et toutes, aujourd’hui plus que jamais.
Certes, la France ne peut pas tout, toute seule mais elle peut tout de même beaucoup plus. Si l’Europe doit assumer son rôle en matière de solidarité internationale, il nous faut également, en France, une politique de développement qui soit un véritable élément central de notre politique étrangère. Nos voisins européens l’ont compris avant nous. Des pays comme le Royaume-Uni, la Suède, la Norvège ou le Danemark ont prouvé que c’est avant tout une question de volonté politique, loin des considérations budgétaires. Depuis 2013, ils allouent au moins 0,7% de leur revenu national brut à l’aide au développement, quand la France atteint difficilement les 0,4%.
Même si l’écart se réduit, les 0,7% ne doivent pas rester une chimère. Certes, des progrès impressionnants ont été réalisés dans la lutte contre l’extrême pauvreté depuis les années 90, et la part de la population mondiale vivant sous le seuil de l’extrême pauvreté a diminué de plus de moitié. Mais certaines régions du monde n’ont pas bénéficié autant des investissements réalisés pendant ces dernières décennies et deviennent de plus en plus fragiles, parfois de plus en plus instables. Les pays les plus pauvres n’ont souvent pas accès aux prêts, parce qu’insolvables. L’aide au développement française doit en tenir compte et augmenter la part des dons qui la composent, afin de répondre efficacement aux crises actuelles et futures et véritablement aider les pays les plus vulnérables, trop longtemps négligés par l’aide française. Dans cet effort, les revenus générés par les taxes solidaires comme celles sur les billets d’avion ou sur les transactions financières pourraient être mieux exploités et ne plus servir de seule compensation à la baisse de l’effort budgétaire. Le développement des pays les plus pauvres et la réduction des inégalités dans les régions les plus fragiles sont un investissement nécessaire et efficace pour construire un monde plus stable, plus juste et durable.
Nous nous tournons aujourd’hui vers l’avenir, un avenir encore à définir quant au futur président, au futur gouvernement et aux futurs représentant-e-s du peuple qui siégeront à l’Assemblée nationale et au Sénat renouvelé pour moitié. Si nos avis divergent sur les scénarios à venir, une chose est certaine : l’aide au développement ne doit pas subir les aléas de la vie politique et ses changements idéologiques.
Nous devons continuer à aller de l’avant vers ces 0,7%. Car à long terme, en matière de politique étrangère, le développement international est bel et bien notre meilleure carte à tous.
Nous nous y engageons en tant qu’hommes et femmes politiques, élus ou candidats aux législatives et nous le demandons à nos candidat-e-s à la plus haute fonction de la République.
Signataires : Eric Alauzet (EELV), Pouria Amirshahi (PS), Kader Arif (PS), Danielle Auroi (EELV), Philippe Baumel (PS), Jean-Luc Bleunven (DVG), Christophe Bouillon (PS), Marie-George Buffet (PCF), Sabine Buis (PS), Jean-Jacques Candelier (PCF), Patrice Carvalho (PCF), Yves Censi (LR), Gaby Charroux (PCF) Pascal Cherki (PS), Romain Colas (PS), Jean-Pierre Dufau (PS), Cécile Duflot (EELV), Valérie Fourneyron (PS), Jacqueline Fraysse (Gauche Citoyenne), Brigitte Gonthier-Maurin (PCF), Philippe Gosselin (LR), Edith Gueugneau (DVG), Chantal Guittet (PS), Razzy Hammadi (PS), Matthieu Hanotin (PS), Fabienne Keller (LR), Jean Launay (En Marche !), Bruno Le Maire (LR), Bernard Lesterlin (PS), François Loncle (PS), Jean-François Mancel (LR), Didier Mandelli (LR), Jean-René Marsac (PS), Monique Orphé (PS), Bertrand Pancher (UDI), Dominique Potier (PS), Monique Rabin (PS), Jean-Luc Reitzer (LR), Eva Sas (EELV), Michel Terrot (LR) et Jean-Marie Tétart (LR).