Votre députée Eva Sas est intervenue le 21 octobre à l’Assemblée pour expliquer le choix du groupe écologiste de s’abstenir sur le vote du projet de loi de finances (PLF). Retrouvez le texte de son intervention ci-dessous et la vidéo.

Monsieur le président, Messieurs les ministres, monsieur le président de la commission des finances, madame la rapporteure générale, chers collègues,

Ce budget Je le résumerai en trois chiffres : 8 milliards de coupes dans le budget de l’Etat, 19 milliards d’aides aux entreprises, contre seulement 3 milliards de mesures en faveur des ménages, et en une phrase : force est de constater que le gouvernement persiste dans une politique qui n’a pas porté ses fruits.

Malgré les inquiétudes exprimées maintes fois dans cet hémicycle, malgré les propositions alternatives faites notamment pour mieux cibler les aides aux entreprises et eviter les effets d’aubaine, malgré les conséquences, maintenant avérées, sur l’activité et sur l’emploi, le gouvernement poursuit une politique qui n’a pas trouvé ses résultats et qui plus est, n’est pas celle pour laquelle les françaises et les français ont voté en 2012.

Car que constatons nous sur le plan économique? En 2014, les prévisions de croissance ont du être révisées de 0,9 % à 0,4 %. Le chômage a augmenté de 5,2 % en un an, soit 170 000 demandeurs d’emploi de plus qu’au mois d’août 2013. Pourtant, beaucoup sur ces bancs avaient fait part de leurs inquiétudes et de leurs doutes face à ces orientations, et plus encore face à la concomitance de ces politiques de consolidation budgétaire menées partout en Europe. Mais ils n’ont pas été entendus.

Alors oui bien sur, vous nous parlerez des points positifs de ce budget, et il y en a, notamment la mesure de bas de barème sur l’impôt sur le revenu, 3,2 milliards en faveur des ménages aux revenus modestes, qui va dans le bon sens.

Vous nous parlerez de la nécessité de revenir progressivement à l’équilibre budgétaire, et nous ne le contesterons pas.

Vous nous parlerez aussi sans doute, de mesures d’économies qui sont utiles, qui permettront une meilleure gestion du denier public, et nous vous soutiendrons, car nous ne pouvons suivre la droite qui propose 130 milliards de coupes dans les dépenses publiques et qui pousse des cries d’orfraies dès que la moindre mesure d’économie est proposée.

Mais cela ne pourra pas masquer les coupes budgétaires qui affectent des budgets et des politiques publiques essentiels à la cohésion de notre société : Et Je pense d’abord aux collectivités territoriales dont les dotations sont réduites de 9 % soit 3,5 mds euros.

Je pense bien sûr ensuite au budget de l’écologie, en baisse de 6 %, soit 481 millions d’euros de coupes budgétaires, et ses répercussions sur l’agence de financement des transports qui voit son budget à peine stabilisé à 1,9 milliards, très en deça des besoins exprimés. Alors oui Messieurs les ministres, je sais que vous ne faites que gérer les conséquences financières d’une gestion chaotique du dossier de la taxe Poids Lourds, chaos dont les responsabilités sont partagées à droite comme à gauche. Mais nous ne pouvons nous satisfaire d’un budget des transports qui aujourd’hui laisse la plus grande incertitude sur le financement des contrats de projets Etat-Région, et sur les projets de transport ferroviaires, fluviaux, urbains, qui attendent votre soutien.

Que dire enfin du rôle que vous réservez au Parlement, qui chaque fois qu’il propose une inflexion, une proposition alternative, un meilleur ciblage des mesures, se voit opposé la réserve des votes, comme ce fut le cas à de trop nombreuses reprises pendant l’étude de ce budget, et ce malgré la qualité du débat que nous avons eus, dont je voudrais vous remercier, tout comme la rapporteure générale.

Pour toutes ces raisons, parce que malheureusement nous ne constatons aucun changement de cap dans la politique et budgétaire menée, et parce que l’écologie n’est toujours pas l’une des priorités budgétaires de ce gouvernement, le groupe écologiste s’abstiendra très majoritairement sur ce texte.