Vote de la loi « Biodiversité » en séance à l’Assemblée, des regrets pour une loi emblématique
Le long parcours législatif de la loi de reconquête de la Biodiversité a repris pour une troisième lecture en séance à l’Assemblée Nationale qui s’est achevée le jeudi 23 juin dernier dans l’hémicycle.
Une 3e lecture qui a connu des reculs majeurs, notamment sur la taxation de l’huile de palme, remplacée par un engagement du gouvernement à travailler sur le sujet… alors même que l’on connaît les conséquences dévastatrices de la culture de l’huile de palme pour la biodiversité, et sur l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes, fixée à 2018 après avoir était reportée sine die au Sénat par Les Républicains et surtout assortie de dérogations mal définies.
La question de l’interdiction des pesticides rencontre pourtant un soutien massif de la population. C’est donc avec une grande déception que nous avons constaté ce nouveau recul du gouvernement ! Quant à l’huile de palme, utilisée dans l’industrie alimentaire, on connaît ses effets néfastes sur la santé qui, avec ses 45% acides gras saturés augmente de manière considérable les risques de maladies cardiovasculaires, et le désastre écologique que produit sa culture sur la biodiversité avec les destructions massives de forêts, les pollutions chimiques, etc.
Il reste que cette loi contient des avancées importantes, et les députés Europe Ecologie Les Verts se sont mobilisés pour préserver la version du texte issue de la commission : la notion de préjudice écologique au cœur du dispositif de réparation civile, l’objectif d’absence de perte nette de biodiversité et le principe de non-régression du droit de l’environnement, le maintien de la création de zones prioritaires de biodiversité, ainsi que les espaces de continuité écologique dans les Plans Locaux d’Urbanisme.
Des dispositions intéressantes ont été introduites dans cette 3e lecture, avec l’obligation pour certains navires de se doter d’un système anti-collision avec les cétacés.
Egalement, sur l’enjeu de la préservation des récifs coralliens, un amendement a pu être adopté afin d’assurer que les dragages des fonds marins évitent au maximum leur destruction. Sur ce sujet de la préservation des fonds marins, les députés Europe Ecologie Les Verts persistent à regretter que l’interdiction du chalutage en eaux profondes, dévastateurs pour la biodiversité, n’ait pas rencontré l’appui du gouvernement.
Les écologistes étaient présents dans l’hémicycle, afin de défendre la notion de préservation de la biodiversité pour elle-même et son importance pour l’avenir de l’humanité. Une vision opposée à celle des représentants des lobbies de la chasse, de l’agriculture productiviste, de la pêche industrielle, défenseurs d’une vision utilitariste de l’environnement, plus soucieux de préserver les intérêts privés et de court terme.
Laurence Abeille a d’ailleurs souligné que des clivages forts étaient apparus lors des débats entre les défenseurs de la biodiversité, un bien commun fragile et en grand danger, et ceux qui s’acharnent à considérer la nature comme un produit à exploiter.