Archives de : Henrique Pinto

  1. L’écotaxe, un bien pour la France et la Bretagne, Libération du 1er novembre 2013

    Retrouvez la tribune d’Eva Sas parue dans les pages du journal Libération du 1er novembre 2013

     

    L’écotaxe, un bien pour la France et la Bretagne

    La mise en place de la taxe poids lourds, prévue au 1er janvier 2014, est une nouvelle fois reportée, et – cette fois – sans échéance. Ce nouveau recul du gouvernement est scandaleux. Les réticences exprimées, en particulier en région Bretagne, face à cette nouvelle disposition, doivent sans doute plus à l’exaspération devant l’accumulation des mesures fiscales, au sentiment que certaines catégories – les entreprises, les actionnaires – sont épargnées dans l’effort collectif et à la crise, réelle, profonde, du modèle agroalimentaire breton, qu’à la mesure elle-même.

    Il s’agit, en effet, d’une mesure de bon sens, qui, il faut le rappeler, avait été votée en 2009 à l’unanimité. Pourquoi ? Parce qu’elle poursuit deux objectifs majeurs, partagés par tous : contribuer à la relocalisation des productions en donnant au transport son juste prix, et favoriser un report du transport de marchandises de la route vers le fret ferroviaire et fluvial. Une mesure indispensable, puisque, malgré les investissements réalisés sur les infrastructures de fret ferroviaire, la part du non routier plafonne, et c’est encore 88% des marchandises qui sont transportées par camion en France !

    Conçue pour intégrer dans le prix du transport les externalités négatives – usure de la voirie, pollution de l’air, nuisances sonores, dérèglement climatique – la taxe poids lourds contribue à faire payer le transport à son prix réel pour la collectivité. Et ces objectifs de report modal et de réduction du trafic routier marchandises ont été atteints partout où elle a été mise en place. En Allemagne, où la mesure a été adoptée en 2005, la distance parcourue par tonne de marchandises a diminué de 0,5%. En Suisse, où l’objectif de report modal est un objectif constitutionnel, la redevance sur le trafic poids lourds mise en place en 2001 a permis d’éviter 600 000 poids lourds dans la traversée des Alpes suisses.

    C’est de plus, dans l’éventail des mesures possibles, une disposition particulièrement intelligente parce qu’elle limite le report de trafic des poids lourds des autoroutes payantes vers les routes nationales, jusqu’alors gratuites. Et parce qu’elle touche tous les poids lourds, français et étrangers, contrairement à d’autres mesures, comme celles touchant à la fiscalité des carburants, qui peuvent, au contraire, favoriser la concurrence de poids lourds étrangers ayant fait le plein avant la frontière.

    Les caractéristiques spécifiques de la région Bretagne, qui sont réelles, ont déjà été prises en compte dans les modalités d’application de la taxe poids lourds : du fait de son positionnement périphérique, elle bénéficie déjà d’une décote de 50% sur la taxe, décote la plus élevée de toutes les régions françaises. La nationale 164 et les collecteurs de lait sont déjà totalement exemptés. La crise de l’agroalimentaire en Bretagne est un enjeu réel, mais il n’a rien à voir avec la taxe poids lourd et mérite des mesures structurelles spécifiques et la mobilisation des moyens de la solidarité nationale.

    Mieux encore, la Bretagne devait bénéficier largement des recettes de la taxe poids lourds qui était destinée à financer les investissements nationaux en matière d’infrastructures de transports. C’est 760 millions qui devaient abonder le budget 2014 de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF), dont 135 millions pour la Bretagne avec la ligne ferroviaire Le Mans-Rennes notamment. Comment les Bretons pourront-ils justifier de continuer à bénéficier de ces investissements nationaux, alors même qu’ils refuseraient de contribuer à leur financement, et que la Bretagne est bénéficiaire nette de cette mesure puisque seuls 42 millions d’euros seraient prélevés sur le territoire breton ? Quelles sont les mesures que le gouvernement entend mettre en place pour pallier le manque à gagner de l’AFITF, qui a déjà été de 260 millions en 2013, et qui, chaque mois qui passe, coûte 70 millions d’euros de plus ?

    La taxe poids lourds est donc une mesure juste et efficace. Si nous voulons développer le fret ferroviaire, créateur d’emplois, diminuer le trafic des camions sur nos routes nationales et ses nuisances, financer les projets fluviaux et ferroviaires de demain, nous devons maintenir cette disposition qui permettra à la France de combler, en partie, son retard en matière de transition écologique.

    Par Éva Sas Députée Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), vice-présidente de la commission des finances de l’Assemblée nationale

  2. Eva Sas: « La vie politique est conçue par les hommes et pour les hommes », L’express

    Eva Sas: « La vie politique est conçue par les hommes et pour les hommes »

    Par , publié le

    La député écologiste de l’Essonne accouche dans moins de quinze jours de son troisième enfant. Elle ne sera pas remplacée: la Constitution le lui interdit.

    Eva Sas: "La vie politique est conçue par les hommes et pour les hommes"
     

    Eva Sas, député écologiste de l’Essonne, donnera naissance à son troisième enfant dans moins d’un mois. La jeune femme s’absentera quelques mois de l’hémicycle, mais ne sera pas remplacée. Au mois de juillet, elle avait défendu un amendement au projet de loi sur le non-cumul des mandats permettant aux femmes députées d’être remplacées par leur suppléant durant leur congé maternité. Un amendement rejeté, parce que non conforme à la Constitution.

    Vous accouchez dans une quinzaine de jours. Comment allez-vous organiser votre vie politique dans les prochains mois?

    Je me suis organisée pour avoir très peu d’activités dans les mois à venir. En tant que vice-présidente de la commission des finances, j’ai fait savoir que je serai absente jusqu’au 6 janvier. J’ai donné délégation de mon vote à mon groupe pendant toute cette période.

    Vous avez défendu en juillet, dans le cadre de l’examen du projet de loi sur le non-cumul des mandats, un amendement prévoyant le remplacement des députées par leur suppléant durant leur congé maternité. Comment expliquez-vous qu’il ait été rejeté?

    Un seul cas de remplacement temporaire d’un parlementaire est actuellement prévu par la Constitution. Quand un ou une député devient ministre, il peut alors être remplacé par son suppléant. Aucune disposition n’est prévue à ce stade pour les députées enceintes.

    Comment expliquer que les femmes politiques ne bénéficient pas de ce droit?

    Le règlement de nos institutions et la vie politique sont conçues par les hommes et pour les hommes. Notre Constitution date de 1958, à une époque où les femmes politiques étaient une exception. Les séances de nuit à l’Assemblée conviennent bien à un homme de 60 ans, cumulard et provincial. L’Assemblée compte depuis un an 25% de femmes, c’est donc un cas de figure qui est appelé à se représenter.

    Le rejet de l’amendement que j’ai présenté est un signal très négatif envoyé aux femmes et à la société française. Mais je suis consciente qu’il s’agit d’un combat qui va durer plusieurs années.

    Comment expliquez-vous qu’avant vous aucune femme députée ne se soit emparée de la question?

    Les femmes politiques préféraient jusqu’ici gommer cet aspect de leur mandat, en minimisant la portée de leur maternité, plutôt que d’en faire un combat.

    La ministre du droit des femmes Najat Vallaud Belkacem compte-t-elle remédier à cette situation?

    Une réflexion est en cours au ministère du droit des femmes pour les élus locaux. J’ai adressé une question écrite à ce sujet à Najat Vallaud-Belkacem. Mais la possibilité pour un député d’être remplacée pendant son congé maternité, relève d’une réforme de la Constitution. La question n’est donc pas simple.

    Avez-vous été soutenue par des femmes politiques, au-delà même de votre famille politique?

    Non, je n’ai pas reçu de soutien parmi les femmes députés que compte l’UMP. En revanche, j’ai été soutenue par certains jeunes papas, comme Yann Galut (député PS du Cher).

    On perçoit une forme de culpabilité dans vos propos. Vous vous excusez presque de vous arrêter…

    Les électeurs nous ont fait confiance il y a seize mois. La génération à laquelle j’appartiens, celle de jeunes élus de gauche a le sentiment que nous avons cinq ans pour changer les choses. Nous ressentons une forte tension entre la volonté de remplir notre mandat, la culpabilité de laisser une chaise vide pendant quelques mois, et le souhait de ne pas jouer les Rachida Dati, en revenant à nos fonctions quelques jours après la naissance d’un bébé. Nos enfants ont droit à mieux.

  3. Un gouvernement « pas cap » de tenir son cap écologique

    Retrouvez le communiqué de presse d’Eva Sas en réaction à la suspension de la taxe poids lourds

    Un gouvernement « pas cap » de tenir son cap écologique

     

    Le Premier Ministre a annoncé, mardi 29 octobre, la suspension de la taxe poids lourds.

    Eva Sas exprime son incompréhension face à une décision « scandaleuse car il s’agit d’une mesure de bon sens qui a été votée à l’unanimité en 2009 ». Cette disposition contribue en effet à deux objectifs majeurs, partagés par tous : la relocalisation des productions en donnant au transport son juste prix, et le report du transport de marchandises de la route vers le fret ferroviaire et fluvial.

    « Aujourd’hui, 88 % des marchandises sont encore transportées par camion en France, du fait notamment des avantages fiscaux dont bénéficient les transporteurs routiers. La taxe poids lourds, qui est une taxe au kilomètre parcouru, est un véritable moyen pour favoriser les productions de proximité, d’une part, et pour reporter une partie du trafic sur le fret ferroviaire, d’autre part ». Elle ajoute que « partout où elle a été mise en place, elle a démontré son efficacité. En Allemagne où la mesure a été adoptée en 2005, la distance parcourue par une tonne de marchandises a diminué de 0,5 %. En Suisse, où l’objectif de report modal est un objectif constitutionnel, la redevance poids lourd mise en place en 2001 a permis d’éviter 600 000 camions supplémentaires dans la traversée des Alpes suisses ».

    Par ailleurs, la suspension de la taxe « aura des conséquences sur les finances publiques de l’Etat : le report effectué en octobre représente déjà un manque à gagner de 260 millions d’euros pour 2013». Elle pose la question : « quelles seront donc les compensations sur le budget des transports et plus précisément sur celui de l’Agence de financement des Infrastructures de transports, si les 760 millions escomptés disparaissaient, sans compter les 800 millions qui seront dus pour la non application du contrat ? ». Il faut rappeler que l’AFITF est l’agence qui assure notamment la participation de l’Etat aux grands projets de lignes ferroviaires et de transports collectifs (tramways, métros, bus à haut niveau de service). La taxe poids lourds devait y être majoritairement affectée pour assurer son équilibre.

    Eva Sas rappelle que « la suspension de la taxe poids lourd est une mauvaise réponse à un vrai problème : la crise du modèle de production agro-alimentaire breton ». Face à l’appel du territoire breton, tous les moyens de la solidarité nationale doivent être mobilisés pour faire évoluer ce modèle de production en crise, mais la taxe poids lourds n’a rien à voir avec ce problème.

    Eva Sas conclut « Voilà donc un recul du gouvernement qui démontre, une nouvelle fois, l’absence totale de vision écologique et même de projet et de cap pour la France ».

     

    Eva SAS, députée de la 7ème circonscription de l’Essonne et Vice-présidente de la commission des finances de l’Assemblée nationale

     

    Contact presse : DENIS Guillaume 06.46.37.19.45

  4. La députée tiraillée entre son mandat et son futur bébé, Le Parisien du 29 octobre 2013

    Retrouvez l’article du Parisien faisant écho au congé maternité d’Eva Sas.

     

    La députée tiraillée entre son mandat et son futur bébé

    L’amendement pour un congé maternité des parlementaires déposé par Eva Sas, députée EELV de l’Essonne, avait été retoqué

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Assemblée nationale. Eva Sas, qui n’a pas réussi à imposer ses amendements sur le remplacement des députées en congé maternité, joue la « débrouille ».<br /><br /><br />
 

    Dans une quinzaine de jours, elle donnera naissance à son troisième enfant. « Cas » très rare, la députée de Savigny/Athis-Mons (Essonne) Europe écologie les verts (EELV), accouchera pendant son mandat de parlementaire. Depuis samedi, après un tour à la fête d’Halloween organisée à Athis-Mons, Eva Sas lève pied le temps de son congé maternité.

    « Enfin, disons que c’est un congé officieux de maternité puisque rien n’existe pour les parlementaires », s’agace l’élue. Eva Sas a en effet tenté de faire évoluer la législation en proposant en juillet dernier deux amendements pour permettre aux députés de se faire remplacer par leur suppléant le temps de leur arrêt. Une demande retoquée.

    « Le fait de ne pas avoir de remplacement est très culpabilisant. Si je partais trop tôt, j’avais l’impression d’abandonner mon mandat, si je partais trop tard, mon bébé. Ce vide juridique est très perturbant », explique l’écolo qui a réduit son absence à deux mois et demi. En circonscription, à Juvisy, son suppléant assurera ses permanences parlementaires du deuxième samedi du mois tandis que ses collaborateurs ont prévu de se relayer pour assurer les autres, dans les autres communes. Côté Assemblée nationale, elle a informé le bureau de la Commission des finances de son absence et a donné délégation de vote à son groupe. « Je continuerai à suivre les gros dossiers, notamment le classement de Grand-Vaux et des Prés-Saint-Martin à Savigny en quartiers prioritaires politique de la ville mais les déplacements, là, c’est trop compliqué », reprend-elle. Eva Sas a prévu de reprendre totalement ses activités le 6 janvier.

  5. Emission « ça vous regarde » de LCP du 28 octobre 2013, « Écotaxe : quand la Bretagne dit non… »

    Retrouvez l’intervention d’Eva Sas lors de l’émission « ça vous regarde » de LCP du 28 octobre 2013, revenant sur l’écotaxe poids lourds

  6. Question au gouvernement (QAG) sur la TVA des transports du quotidien

    Retrouvez la question d’Eva Sas au Ministre du Budget lors de la séance des questions au gouvernement du 22 octobre 2013

     

    Monsieur le ministre de l’économie et des finances, la première partie du projet de loi de finances sera votée aujourd’hui. Par ma voix, les députés écologistes souhaitent vous faire part de leur incompréhension face à l’augmentation de la TVA sur les transports collectifs, que vous avez maintenue dans ce budget pour 2014. Notre priorité commune, c’est d’améliorer et de développer les transports du quotidien. Lors de la campagne présidentielle, mais aussi après l’accident tragique de Brétigny-sur-Orge dans l’Essonne, vous avez maintes fois réaffirmé cet engagement. Or, ce projet de loi de finances, en augmentant de 7 à 10 % la TVA sur les transports collectifs, va dans le sens inverse ! C’est là, me semble-t-il, une double erreur : pour le pouvoir d’achat des usagers, d’abord, pour l’investissement dans les réseaux ensuite.

    Pour les usagers d’abord : vous le savez, monsieur le ministre, près d’un citoyen sur cinq sera directement pénalisé par cette mesure, parce qu’il emprunte quotidiennement les transports collectifs. Alors que ces usagers sont des personnes à revenus modestes, la RATP ou la SNCF ont déjà annoncé qu’elles allaient répercuter au moins une partie de cette hausse sur le prix des billets.

    Mais cette mesure va aussi nuire à l’entretien des réseaux. Alors que les collectivités locales avaient déjà vu leur facture alourdie de 84 millions d’euros lors de la précédente augmentation de TVA en 2011, cette nouvelle hausse pourrait leur coûter plus de 150 millions d’euros. Comment, dès lors, pourront-elles continuer à investir pour améliorer la sécurité du réseau et développer de nouvelles offres de transport – alors même que leur priorité, et la nôtre, doit être d’offrir à nos concitoyens des alternatives au tout automobile ?

    Ma question est donc la suivante, monsieur le ministre : reviendrez-vous sur l’augmentation de la TVA sur les transports collectifs ? Plus généralement, quelles sont les mesures que vous comptez prendre pour donner corps à votre engagement d’améliorer les transports du quotidien ?

  7. Visite de l’Assemblée Nationale par les habitants du quartier Noyer Renard d’Athis-mons

    A la demande de l’association Mieux Vivre au Noyer Renard, Eva Sas a reçu une cinquantaine d’Athégien à l’Assemblée nationale.

    Ils ont pu visiter le mercredi 9 octobre l’hémicycle et les salons de l’assemblée avec un guide de l’assemblée.

  8. Question écrite sur le Centre d’Etudes de l’Emploi (CEE)

    Mme Eva Sas alerte M. le ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social sur sur la situation préoccupante du Centre d’Etudes de l’Emploi (CEE). Son double ancrage, scientifique et social, lui confère une capacité particulière de mobilisation de la recherche en vue d’éclairer l’action publique et le débat social sur le travail et l’emploi. Madame Sas rappelle en effet qu’en matière d’économies budgétaires, le CEE subit une double peine. En plus des restrictions appliquées à l’ensemble des opérateurs de l’état, en 2011 le Ministère du travail a diminué de 27% la subvention du CEE, baisse initialement présentée comme temporaire. Cette subvention amputée est en passe de devenir la nouvelle référence budgétaire. La réduction de ses moyens a d’ores et déjà entraîné une réduction importante de ses effectifs, les dépenses du CEE correspondant principalement à des dépenses de personnel. La réduction ponctuelle de la subvention de 2011 ne pouvant plus être compensée, sa pérennisation impliquerait une nouvelle diminution des effectifs du CEE et sacrifierait durablement ses ressources. Plutôt qu’une consolidation budgétaire, ses deux tutelles envisagent aujourd’hui de l’intégrer à l’université Paris-Est. Ce scénario de refonte institutionnelle remettrait en cause l’existence même du Centre, ou au minimum son positionnement ainsi que l’emploi de certains de ses personnels. Cette intégration renforcerait peut-être le potentiel de recherche de ce pôle universitaire mais elle suppose la disparition du CEE en tant qu’établissement et ne garantirait le maintien, ni de ses activités, ni de ses équipes. Elle mettrait fin à la possibilité de faire travailler ensemble des personnes d’origines professionnelles diverses. Elle priverait le ministère du travail du principal opérateur de recherche relevant de son champ, et d’un organisme en capacité d’éclairer et évaluer les politiques publiques du travail et de l’emploi. Madame Eva Sas souhaite donc avoir confirmation que le ministère du Travail a l’intention de conserver une tutelle budgétaire et scientifique active du CEE. Elle souhaite également insister sur la nécessité de trouver d’autres modalités d’adossement qui produiraient les synergies souhaitées, tout en préservant la continuité des missions et de la personnalité propres du centre.

  9. Intervention lors de la discussion générale sur le PLF 2014

    Retrouvez l’intervention d’Eva Sas lors de la discussion générale sur le PLF 2014

     

    Merci Monsieur le Président,

    Messieurs les ministres,

    Monsieur le Président de la Commission des finances,

    Monsieur le rapporteur général,

    Chers collègues,

    Nous commençons aujourd’hui, dans cet hémicycle, l’étude du Projet de loi de finances pour 2014. Un budget marqué par une double contrainte.

    Une contrainte que l’on pourrait qualifier d’externe, imposée par les traités européens, de réduction des déficits. Et une contrainte que l’on peut qualifier d’interne, que vous avez choisie, seuls, celle d’alléger massivement l’imposition des entreprises.

    ET Cette double contrainte se traduit très concrètement :

    D’abord par 15 milliards d’économies budgétaires. Jamais un budget n’a porté un tel effort de réduction des dépenses publiques. Et pourtant, c’est un choix difficile à soutenir à l’heure où de plus en plus d’institutions remettent en cause les politiques d’austérité, à l’heure où même le FMI s’est prononcé pour que la France ralentisse, je cite, « le rythme de l’ajustement ».

    S’y ajoutent 17 milliards de baisse de l’impôt sur les sociétés, au-delà même, donc, des 10 milliards du Crédit d’Impôt Compétitivité. Là encore, jamais, il me semble, un budget n’avait baissé dans de telles proportions l’impôt sur les sociétés.

    Comment, dès lors, dans le cadre aussi contraint que vous avez dessiné, trouver une place pour la politique d’investissements dont notre pays a besoin ? Cette politique, pourtant, est nécessaire. D’abord pour préparer notre pays aux défis environnementaux. Car comme l’a dit le Président de cette Assemblée, à qui je rends hommage pour sa clairvoyance, « Nous pouvons vivre avec 4% de déficit, pas forcément avec 4 degrés de plus ».  Mais besoin aussi pour créer des emplois. Tout est lié et chaque nouvelle étude le prouve: nous pouvons espérer de très importantes créations d’emplois si l’on réoriente notre économie vers la transition énergétique. La dernière étude en date, vous la connaissez, c’est celle de l’ADEME qui démontre que mettre en œuvre la transition énergétique, c’est 330 000 emplois à horizon 2030. Pourquoi dès lors reporter encore des investissements aussi utiles que nécessaires ?

    Nous ne sommes pas des adeptes du toujours plus de dépenses publiques, nous sommes conscients des contraintes, mais aussi des opportunités. Nous pensons qu’en cette période de crises globales économique et écologique, il est indispensable d’investir, dès maintenant, pour redonner du pouvoir d’achat aux ménages et pour transformer nos modes de production et de consommation. Dès lors, il est nécessaire dégager des marges de manœuvre pour investir dans la transition énergétique. Et c’est ce que nous vous proposerons au travers de plusieurs amendements : Des amendements qui concernent essentiellement les entreprises car elles ont été étonnamment épargnées dans l’effort collectif.

    En effet, pour nous, le constat est sans appel : le partage de l’effort n’est pas équitable : le financement du crédit d’impôt compétitivité-emploi par la TVA; la compensation pour les entreprises de l’augmentation des cotisations patronales pour le financement des retraites, alors que les salariés verront bien, eux, leurs cotisations augmenter, montrent que dans ce budget, on a deux poids, deux mesures.

    Si, dans le contexte économique actuel, il peut sembler légitime de préserver les PME, cela ne peut justifier d’exonérer toutes les entreprises de l’effort collectif, y compris les plus grandes et celles qui réalisent des bénéfices importants. Ainsi, nous proposons plusieurs mesures dans le but de mieux faire contribuer les entreprises au budget de l’Etat.

    En premier lieu, nous avons déposé des amendements permettant un recentrage du crédit d’impôt recherche sur les PME, avec, en particulier, une consolidation des sommes dédiés à la recherche au niveau du groupe. Aujourd’hui l’effet d’aubaine du Crédit d’Impôt Recherche, sa captation par les groupes du CAC 40 qui touchent 1 milliard d’euros, 20 % des sommes distribuées, son utilisation comme instrument d’optimisation fiscale sont avérés. Le rapport de la cour des comptes de septembre 2013 est clair, et l’on peut dès lors s’étonner qu’aucune suite ne lui soit donnée, et qu’on maintienne une sorte de « sacralisation de ce crédit impôt recherche » au point que même la question du recouvrement du crédit d’impot recherche et du Crédit d’impôt compétitivité ne soit pas traitée, et qu’on décide de ne rien faire alors que les dépenses de personnel de recherche ouvrent droit de ce fait à un double crédit d’impôt !

    Deuxièmement, nous proposons une augmentation de la contribution sur les dividendes de 3 à 5 % pour l’affecter au financement des retraites. Cette contribution a le double avantage, d’une part, de préserver les PME puisqu’elle ne concerne que les entreprises de plus de 250 salariés et, d’autre part, d’avoir un rendement significatif puisqu’il devrait atteindre 1,6 milliard d’euros en 2013, au taux actuel.

    Troisièmement, nous avons présenté un amendement pour mieux faire contribuer les sociétés concessionnaires d’autoroutes au budget national. Il nous semble en effet incompréhensible que celles-ci soient en quelque sorte protégées et qu’on leur maintienne des avantages dont ne bénéficient pas les autres entreprises comme l’entière déductibilité de leurs charges financières du résultat imposable, une exception qui a malheureusement été votée l’année dernière. Cela est d’autant plus incompréhensible que ces sociétés font des bénéfices très substantiels comme le souligne le rapport de la Cour des comptes du 24 juillet 2013. Leur bénéfice net cumulé est en effet passé de 1,7 milliards en 2010 à 2,1 milliards en 2012, soit plus de 25% d’augmentation en 2 ans ! Il nous semble donc normal qu’elles participent à la solidarité nationale, ni plus – et surtout ni moins –, que les autres sociétés.

    Par ailleurs, nous proposons de faire participer les plus aisés à la solidarité nationale. Et nous proposons simplement de les faire contribuer au niveau où ils le faisaient pendant la première moitié du quinquennat Sarkozy, avant la réforme de l’ISF de 2011. La gauche est revenue cette réforme en juillet 2012 avec la contribution exceptionnelle sur la fortune. Cependant deux points n’ont pas été corrigés, il s’agit du seuil de patrimoine à partir duquel un contribuable est redevable à l’ISF. Ce seuil est resté à 1 300 000 euros, alors qu’il était de 800 000 euros jusqu’en 2011. En outre, lors de la réforme de l’ISF menée lors du PLF pour 2013, il y a eu un recul sur le barème, pour ne prendre qu’un exemple, la tranche marginale du l’ISF a été ramenée à 1,5% au lieu des 1,8% qui existait jusqu’en 2011 et en 2012 avec la contribution exceptionnelle sur la fortune. Nous proposons donc de revenir au barème et au seuil d’entrée en vigueur jusqu’en 2011.

    Enfin, si nous sommes satisfaits de voir au travers de ce budget la concrétisation de l’introduction d’une assiette carbone sur la consommation de produits énergétiques qui permettra de favoriser les véhicules sobres en énergie, nous ne pouvons nous résoudre à voir cette revendication ancienne des écologistes se transformer en fiscalité punitive, alors même que pour nous, la contribution-climat-énergie ne se concevait pas sans compensation sociale pour les plus modestes, ni sans mesures d’accompagnement pour aider les ménages à acquérir des équipements moins énergivores. La fiscalité écologique n’est pas là pour punir de consommer de l’énergie, mais pour accompagner vers des comportements plus sobres.

    Comme je le disais, si nous cherchons des marges de manœuvre, ce n’est pas par dogmatisme, mais bien parce que nous pensons qu’il est urgent d’investir, parce qu’il est urgent de redonner un projet à la France, parce qu’il nous semble que c’est là la seule solution pour redonner du pouvoir d’achat aux français et, en particulier, aux plus modestes d’entre eux, parce que c’est surtout la seule solution pour créer de l’activité ; pour créer de l’emploi.

    Nous avons entendu, nous écologistes, beaucoup de discours sur la transition écologique, mais nous attendons des actes. La transition écologique n’est pas un concept, c’est, si je devais la résumer, 5 priorités concrètes : le plan de rénovation thermique, les transports collectifs, les énergies renouvelables, la conversion agricole, et la protection de la biodiversité.

    Sur la rénovation thermique, nous considérons que compte tenu du redéploiement des crédits d’investissements d’avenir sur deux ans, de la création du guichet unique et surtout de la baisse de la TVA sur la rénovation thermique à 5 %, des actes forts ont été posés.

    Mais en matière de transports collectifs, alors même que le prix des carburants est de plus en plus élevé, qu’il est donc urgent de pouvoir proposer aux Français de réelles alternatives au tout-automobile, que propose ce budget 2014 ? Un manque à gagner de 260 millions d’euros sur l’écotaxe poids lourd qui ne sera pas compensé sur le budget des transports, et surtout une augmentation de la TVA sur les transports en commun qui va passer de 7 à 10 % ! Vous le savez, Monsieur le ministre, c’est près d’un citoyen sur cinq qui sera directement pénalisé par cette mesure, lorsqu’il emprunte quotidiennement les transports collectifs.

    Quant aux énergies renouvelables, à la transition agricole, à la biodiversité, elles devront visiblement attendre encore. Vous le savez, Monsieur le ministre, le report de la loi sur la transition énergétique nous inquiète. Cette loi est urgente, comme l’adoption de mesures contre l’artificialisation des sols ou encore la mise en place de l’agence nationale sur la biodiversité, tant aucune mesure d’envergure n’est prévue sur ces sujets dans ce budget 2014.

    Enfin, le budget étant la traduction budgétaire des priorités du gouvernement, nous ne pouvons nous satisfaire de l’évolution des crédits de la mission écologie du budget, socle de l’action du ministère du même nom. 500 Millions d’euros de baisse par rapport à 2013, soit 6,5 % de repli hors investissements d’avenir. Un recul qui montre que l’écologie n’est pas malheureusement pas encore entrée dans les orientations majeures du gouvernement, et qui n’épargne pas même l’ADEME.

     

    Voilà 16 mois que nous avons été élus, Monsieur le Ministre. Et je ne vous cache pas qu’il n’est pas facile d’entendre au quotidien nos électeurs nous demander pourquoi les écologistes font partie d’un gouvernement qui fait si peu d’écologie, pourquoi nous allons voter un budget que nous pourrions résumer par «  beaucoup d’efforts pour les ménages, beaucoup d’égards pour les entreprises », pourquoi nous soutenons un gouvernement qui n’a pas plus d’audace dans son action, pas plus d’écoute vis-à-vis de nos concitoyens.

    Les résultats de la cantonale de Brignoles doivent nous alerter, Monsieur le ministre, car nous avons une responsabilité, lourde. La notre est, je crois dans ces temps difficiles, d’éviter les polémiques inutiles qui détournent les français de la politique. Mais cette responsabilité c’est d’abord la vôtre, celle de porter une action volontariste et courageuse au service de nos concitoyens, une action qui répondent à leurs problèmes réels : l’emploi, le logement, les fins de mois difficiles. Celle de dépasser la volonté étroite de réduire les déficits, celle de donner un horizon et un projet à la France, un projet qui pourrait se construire, nous en sommes convaincus, autour de l’écologie.

    Ce n’est que comme cela que nous redonnerons confiance dans les politiques publiques, ce n’est que comme cela que nous redonnerons espoir à ceux qui chaque jour se résignent un peu plus.

     

  10. Budget 2014 : Beaucoup d’égards pour les entreprises, beaucoup d’efforts pour les ménages !

     Retrouvez le communiqué de presse d’Eva Sas en réaction au début de l’étude du Projet de loi de finances (PLF) pour 2014 à l’Assemblée nationale.

     

     

    L’étude du Projet de loi de finances pour 2014 commence aujourd’hui 15 octobre à l’Assemblée nationale.

     

    Dans son intervention, Eva Sas souligne que « ce budget est marqué par une double contrainte de réduction des déficits et d’allègement de l’imposition des entreprises » en soulignant que « cela se traduit par une réduction des dépenses de 15 milliards qui s’ajoutent à une baisse de l’impôt sur les sociétés de 17 milliards » Elle précise que des marges de manœuvres peuvent être trouvées « sur les entreprises qui ont été étonnamment épargnées de l’effort collectif ».

     

    C’est dans cette optique que la députée de la 7ème circonscription de l’Essonne insiste sur les amendements qui ont été déposés « pour rééquilibrer la contribution des grandes entreprises » : « Nous avons déposé plusieurs amendements permettant un recentrage du crédit d’impôt recherche sur les PME, une augmentation de la contribution sur les dividendes de 3 à 5 % pour attribuer cette augmentation au financement des retraites, et la mise à contribution des sociétés d’autoroutes dont les bénéfices ont explosé. »

     

    Eva Sas souligne également « la nécessité de faire participer les plus aisés à la solidarité nationale. Nous proposons simplement de les faire contribuer au niveau où ils contribuaient avant la réforme de l’ISF du précédent gouvernement en 2011, car le gouvernement n’est pas complètement revenu sur cette réforme, par exemple, le seul d’entrée reste à 1,3 millions d’euros, alors qu’avant il était de 800 000 euros».

     

    Enfin, elle se félicite de certaines avancées en matière de fiscalité écologique et approuve « la concrétisation de l’introduction d’une assiette carbone sur la consommation de produits énergétiques » même si elle se refuse à voir cette mesure « se transformer en fiscalité punitive, alors même que pour les écologistes, la contribution-climat-énergie ne se concevait pas sans compensation sociale pour les plus modestes ». « La fiscalité écologique n’est pas là pour punir de consommer de l’énergie, mais pour accompagner vers des comportements plus sobres ».

     

    Eva Sas insiste sur la nécessité d’avoir une politique d’investissements et de passer du discours aux actes en matière de transition écologique. Elle rappelle que « la transition écologique n’est pas un concept, c’est, si je devais la résumer, 5 priorités concrètes : le plan de rénovation thermique, les transports collectifs, les énergies renouvelables, la conversion agricole, et la protection de la biodiversité. »

     

    « Sur la rénovation thermique, des actes ont été posés dont la baisse de la TVA sur la rénovation thermique à 5 %. » « En matière de transports collectifs, alors même que le prix des carburants est de plus en plus élevé, et qu’il est donc urgent de pouvoir proposer aux Français de réelles alternatives au tout-automobile, que propose ce budget ?  L’augmentation de la TVA sur les transports collectifs de 7 à 10 % !» « Quant aux énergies renouvelables, à la transition agricole, à la biodiversité, elles devront visiblement attendre encore ».

     

    Eva Sas conclue en affirmant qu’ « il n’est pas facile d’entendre au quotidien nos électeurs nous demander pourquoi les écologistes font partie d’un gouvernement qui fait si peu d’écologie, pourquoi nous allons voter un budget que nous pourrions résumer par «  beaucoup d’efforts pour les ménages, beaucoup d’égards pour les entreprises », pourquoi nous soutenons un gouvernement qui n’a pas plus d’audace dans son action, et plus d’écoute vis-à-vis de nos concitoyens ».

     

    Pour Eva Sas, la Cantonale de Brignoles nous appelle tous à la responsabilité. « Notre responsabilité, en tant qu’écologistes, c’est d’éviter les rodomontades et les faux suspens sur le vote que nous pourrions avoir sur ce budget. » « Mais cette responsabilité, c’est d’abord celle du gouvernement. Nos concitoyens attendent une politique courageuse et volontariste qui réponde réellement à leurs problèmes: l’emploi, le logement, les fins de mois difficiles. Il faut cesser de se concentrer sur la réduction des déficits et la satisfaction des moindres demandes des entreprises, et redonner un horizon et un projet à la France. »

     

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