Article « Eva Sas veut sauver les millions de l’Ecologie », Paris Match

Vice-présidente de la Commission des finances, la députée Europe Ecologie – Les Verts Eva Sas veut empêcher les coupes dans le budget du ministère de l’Ecologie prévues par le projet de loi de finances rectificative. Pour la première fois, les écologistes vont travailler avec les socialistes opposés au gouvernement sur des propositions alternatives communes.

Paris Match. Le débat sur les premières mesures du «pacte de responsabilité» va commencer dans l’hémicycle la semaine prochaine. Allez-vous vous rapprocher des 41 députés socialistes dits «frondeurs»?
Eva Sas. Avec des parlementaires socialistes, nous allons déposer des amendements identiques. C’est une initiative conjointe, qui permettra de montrer qu’une partie significative de la majorité souhaite une réorientation de la politique. Les auteurs des amendements sont issus du groupe des 41, mais on espère que les signatures seront plus larges, avec des périmètres un peu différents selon les amendements. Ils concerneront trois thématiques : la conditionnalité des aides aux entreprises, le développement des emplois d’avenir et celui des contrats d’apprentissage.

Vous dénoncez aussi la baisse prévue du budget du ministère de l’Ecologie. 
C’est une question très importante pour nous. Le gouvernement veut annuler 288 millions d’euros de crédits du budget de l’Ecologie, dont 220 sur les investissements d’avenir, pour transférer 220 millions sur le budget de la Défense, c’est écrit noir sur blanc. Tout cela alors que le budget de l’écologie souffre déjà de la suspension de la taxe poids-lourds.

Quel dialogue avez-vous eu avec la ministre Ségolène Royal sur cette question?
Elle ne s’est pas exprimée sur le sujet, je trouve ça dommage et inquiétant, car cela montre les priorités portées par ce gouvernement. C’est le fruit d’arbitrages où la Défense a défendu corps et âme son budget. Il fallait trouver l’argent quelque part, et on pense que les écologistes crient moins fort que les responsables de la Défense.

Tous les amendements que vous avez déposé sur des thématiques vertes ont été rejetés en commission des Finances. Est-il impossible de convaincre les socialistes sur ces questions?
Nous ne sommes pas soutenus par la majorité des socialistes, mais on trouve des convergences avec certains d’entre eux. Le président de la commission Développement durable Jean-Paul Chanteguet, a en matière d’environnement des convictions extrêmement profondes.

« 2 milliards pour les ménages, 23 milliards pour les entreprises »

Que pensez-vous des mesures en faveur des ménages prévues dans le texte?
Il y a quelques inflexions positives. Nous soutenons les allègements de cotisations sociales salariales et les mesures sur l’impôt sur le revenu pour les ménages modestes et les mesures pour les artisans. Mais quand on prend de la hauteur, on observe qu’il y a 2 milliards d’euros pour les ménages et 23 milliards pour les entreprises. Il n’y pas de réelle réorientation, il y a quelques mesures significatives et que nous soutenons, mais qui ne sont pas à la hauteur de la réponse qu’il aurait fallu apporter à la suite des élections municipales et européennes.

La ligne gouvernementale est-elle irréconciliable avec la vôtre?
Le débat le dira : si aucun amendement issu de nos rangs ou de certains députés socialistes n’est adopté, il y aura un écart important avec les orientations que l’on souhaite soutenir. L’autre question c’est : le budget est-il encore un marqueur de la majorité? Je crois que notre souhait est de continuer à appartenir à la majorité, mais avec des orientations tellement éloignées de ce que l’on soutient, il est difficile de voter pour. Le vote a quand même un sens.

Le débat de la semaine prochaine à l’Assemblée nationale est donc décisif pour la majorité.
C’est une première étape dans une coordination entre les écologistes et une partie des députés socialistes. Ça ne s’était jamais produit. C’est intéressant de voir qu’on a réussi à porter des propositions en commun. Je pense que c’est la première étape d’un long chemin. Que le vote soit positif ou négatif, cela restera une première victoire que d’avoir réussi à travailler en commun sur des propositions alternatives à la ligne gouvernementale. Au début de la mandature, le groupe socialiste avait interdiction de cosigner des amendements avec nous, donc cela marque une nouvelle ère dans la mandature.

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