Article « Eva Sas, de la rigueur dans le monde écologiste », Le monde 3 juillet 2012
Retrouvez un article sur votre députée paru dans Le monde le 3 juillet 2012.
Eva Sas, de la rigueur dans le monde écologiste.
Cette jeune quadra d’EELV a été élue vice-présidente de la commission des finances, après avoir arraché sa victoire dans l’Essonne.
Les promesses faites lors d’une campagne électorale ne sont pas toujours tenables. Eva Sas s’était engagée à arrêter la cigarette en cas de victoire aux législatives, dans la 7e circonscription de l’Essonne (Savigny-sur-Orge et Athis-Mons). Jeudi 28 juin, dix jours après son entrée à l’Assemblée nationale, elle enchaîne les Dunhill Mentol tout en savourant une seconde victoire : son élection à la vice-présidence de la commission des finances. « Pour la cigarette, je n’ai pas tenu », concède-t-elle.
Pour le reste, « Eva Sas est comme une roue dentée. A chaque fois qu’elle avance d’un cran, il n’y a pas de retour en arrière », esquisse René Dutrey, conseiller de Paris écologiste. Parisienne de l’est de la capitale, la jeune quadra (41 ans) aurait pu être députée de Paris au terme de l’accord entre le PS et EELV qui accordait deux circonscriptions gagnables au parti écologiste.
Mais Cécile Duflot, alors secrétaire nationale du parti écologiste, a voulu que soient braqués sur elle les projecteurs de la Ville Lumière – et une victoire garantie. La numéro un écologiste quitte alors le Val-de-Marne pour emménager d’urgence dans le 11e arrondissement de la capitale. Eva Sas fait le chemin inverse et part dans le sud de l’Ile-de-France à la conquête d’une circonscription acquise à la droite.
« On l’a envoyée au casse-pipe », explique une élue parisienne. « Une circonscription difficile », reconnaît Jean-Vincent Placé, sénateur EELV. « La victoire est d’autant plus belle que j’ai pris cette circonscription à la droite et malgré une dissidence socialiste », lance Eva Sas, en conclusion d’un jeu de chaises musicales pour lequel elle n’était pas donnée gagnante.
Diplômée de l’Essec, elle rejoint les Verts en 2000. Un an plus tard, elle participe à la campagne du Vert Jacques Boutault pour la mairie du 2e arrondissement de Paris. « Ma première campagne s’est conclue par une victoire », sourit-elle. Elle s’écarte un temps de la vie militante pour construire sa vie professionnelle et familiale.
Elle est associée au cabinet d’expertise et de conseil auprès des comités d’entreprise Secafi-Alpha. Et son métier, hors de question de le quitter. « J’ai trop vu d’élus en mode panique à la fin de leur mandat, prêts à tous les compromis pour en retrouver un ! », tire-t-elle en direction des cumulards de tous bords. Professionnelle, élue et mère, Eva Sas doit également jongler avec les heures pour mettre au clair les finances d’EELV. Trésorière du parti depuis 2011, elle continuera à occuper ce poste jusqu’en 2013 et l’arrivée de 3,5 millions d’euros de financement public, due aux bons résultats du parti lors des législatives. « D’ici là, il faut continuer à serrer les boulons, avertit-elle. On est pauvres, mais on n’est pas malhonnêtes. »
Outre la réorganisation de sa gestion financière, « EELV lui doit des pans de son programme économique », poursuit Jean-Vincent Placé. Sérieux et crédibilité sont les piliers sur lesquels Eva Sas veut construire sa mandature. « Il faut que nous cessions de faire peur. Ne rien dénoncer sans proposer un plan alternatif et marquer ainsi notre différence avec l’opposition du Front de gauche. »
L’écologie politique sera-t-elle une priorité du quinquennat Hollande ? « Le débarquement de Nicole Bricq du ministère de l’écologie ne donne pas ce sentiment », constate la jeune parlementaire. EELV forme un groupe au Parlement et n’a jamais été aussi fort dans les institutions, mais le PS a la majorité absolue. « Si nous perdons des arbitrages, c’est que nous avons fait 2,3 % à la présidentielle », compte-t-elle. Lucide.
Eric Nunès