Accident de Brétigny : « Il y a une vétusté du réseau, mais… », Une du Nouvel observateur, 13 juillet 2013
Retrouvez l’interview du Nouvel Observateur paru en Une à propos de l’incident de Brétigny.
La députée EELV Eva Sas, qui a participé récemment à une commission qui pointait la nécessité de rénover le réseau existant, met en garde contre toute précipitation sur les causes de l’accident. Interview.
Eva Sas, député EELV de la 7e circonscription de l’Essonne, a participé la Commission Mobilité 21, qui avait mis l’accent sur la nécessité de donner priorité à la modernisation des réseaux existants au mois de juin. Au lendemain du déraillement de train à Brétigny-sur-Orge qui a coûté la vie à six personnes, elle met en garde contre les amalgames rapides entre l’accident et l’obsolescence du réseau.
En tant que députée de la 7e circonscription de l’Essonne, quelle est votre réaction à l’accident ?
– J’emprunte régulièrement la ligne de RER C sur laquelle cet accident est survenu. Bien sûr, on se sent plus touché, on imagine que des proches auraient pu être dans ce train. L’émotion est forte. Mais je réagis aussi en tant que représentant politique et je tiens à souligner la bonne organisation des secours, les réactions immédiates fortes et la mobilisation que l’on a pu voir.
La ligne sur laquelle le déraillement a eu lieu était qualifiée de « malade » dès 2011, peut-on d’ores et déjà établir un lien entre l’accident et l’obsolescence du réseau ?
– Certes, il y a une vétusté du réseau, mais attention, personne ne sait si l’accident est dû à cette obsolescence. C’est un peu délicat de faire de la polémique au lendemain d’un tel événement, il serait indécent et inopportun de faire le lien si tôt.
La SNCF s’est engagée à contrôler les 5.000 éclisses du réseau, cette réaction est-elle suffisante ?
– Globalement, la SNCF a bien réagi. Il y a toujours une grande émotion dans ces moments là et cette vérification permettra de rassurer les usagers. C’est une bonne réaction à court terme, mais en ce moment, on paie des années de désinvestissement et remédier à l’obsolescence du réseau prendra des années.
La commission Mobilité 21, à laquelle vous avez pris part, a pointé au mois de juin la nécessité de moderniser les lignes existantes. Les lignes Intercités ont-elles été délaissées ?
– Malgré les investissements, le réseau continue à vieillir. Jusqu’en 2012, on a assisté à un désinvestissement de l’Etat sur ces lignes pour des questions de prestige. On a investi uniquement sur le TGV et ni sur les Intercités, ni sur la rénovation du réseau. Le maillon intermédiaire, qui fonctionne bien à l’étranger, a été délaissé.
Que faut-il faire en priorité ?
– Il ne faut pas s’illusionner sur le fait qu’on peut faire des choses à court terme. Certes on peut agiter les bras en tous sens, mais il y aura une latence. Même si une décision est prise aujourd’hui, elle sera effective dans deux ou trois ans. Les recommandations de la Commission avaient été entendues. Il y a un consensus sur le fait que l’on doit mettre les moyens sur l’existant. Une étape supplémentaire assez proche sera la réforme ferroviaire qui est en projet. Elle va notamment permettre de rapprocher RFF et la SNCF et de mieux organiser les travaux, car on peut difficilement faire plus de travaux sans désorganiser le réseau.
Ce dramatique événement pourra-t-il accélérer les choses ?
– La prise de conscience était là. Cela permettra peut-être de lever les dernières réticences et d’avoir des démarches plus volontaristes sur les montants alloués. Par exemple, on peut espérer une subvention plus importante pour RFF. D’autre part, cet accident souligne l’importance de séparer les flux en Ile de France, car tout le réseau train et RER s’est retrouvé bloqué.
Propos recueillis par Aurélie Delmas – Le Nouvel Observateur