« La toute puissance du PIB contestée par les députés », Les Echos

Le journal Les Echos revient sur l’adoption de la proposition de loi de votre députée Eva Sas. Bonne lecture ! 

Le PIB est peut-être en train de tomber de son piédestal. A l’initiative de l’élue écologiste Eva Sas, les députés ont décidé d’obliger le gouvernement à publier chaque année, début d’octobre c’est-à-dire au moment de la présentation du budget, un rapport contenant « l’évolution, à moyen terme, d’indicateurs de qualité de vie et de développement durable ». Il s’agit d’un petit pas que certains de nos voisins ont déjà fait : en Allemagne, en Belgique et en Grande-Bretagne, le gouvernement publie déjà des données autres que le PIB, permettant de mieux juger de la pertinence des politiques publiques.

Ce n’est d’ailleurs pas tant le fait que le PIB continue à être utilisé malgré les critiques récurrentes depuis des années sur son incapacité à prendre en compte des éléments tels que les inégalités, l’environnement ou encore le bien-être des populations, qui gène Eva Sas mais plutôt le fait qu’il est l’alpha et l’oméga de la politique économique. « La loi Macron, par exemple, ne vise qu’à augmenter le PIB sans s’intéresser à d’autres critères », déplore la députée de l’Essonne. « Il ne s’agit pas de remplacer le PIB mais de le compléter par d’autres indicateurs. Car le PIB est partiel  : il ne reflète pas toutes les facettes de la société et ne tient pas compte du long terme », estime l’élue.

Christian Eckert, le secrétaire d’Etat au Budget l’a admis devant les députés : «  Le PIB est insuffisant pour mesurer la qualité de la croissance ». Ses limites sont connues : les embouteillages, par exemple, entraînent une consommation accrue d’essence et font grimper l’activité. C’est un indicateur de flux et non de stock : il ne prend pas en compte l’évolution de la valeur du patrimoine environnemental ou économique. « Les règles budgétaires européennes – à l’instar de la règle constitutionnelle allemande – ne présentent aucune incitation concernant l’investissement, l’actif, et donc, la richesse nette, souligne Jean Pisani-Ferry, président de France Stratégie. C’est la raison pour laquelle l’investissement est peu privilégié outre-Rhin au profit de politiques de réduction des dépenses. »

Mais quels indicateurs choisir pour compléter le PIB ? Ce sera à une commission transpartisane de les fixer. Eva Sas a une idée sur la question : « Il faudrait des indicateurs sur les inégalités, tels que le rapport entre les revenus des 10 % les plus riches et ceux des 10 % les plus pauvres, sur l’environnement, comme les émissions de CO2 et sur le patrimoine. » En fait, « la plupart de ces indicateurs existent déjà. Mais il faut que les politiques se les approprient et que dans quelques années, on juge de la réussite d’un gouvernement sur ces critères. Pas seulement sur le PIB », conclut-elle.

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