Comment les parlementaires dépensent leur «cagnotte», Le Parisien du 22 mars 2013

Évolution des mœurs : la plupart des députés et sénateurs essonniens n’hésitent plus à faire la lumière sur leurs réserves parlementaires.

La refonte de la cloche de l’église d’Abbeville, c’est grâce à elle. Le véhicule du Secours populaire à Massy, les études pour des panneaux solaires à Athis-Mons, l’achat d’un piano à Tigery, pareil. La réserve parlementaire, c’est cette « cagnotte » annuellement distribuée aux sénateurs et députés. Cette année, pour la première fois, chacun d’entre eux a récupéré à peu près la même enveloppe, entre 110 000 € et 150 000 €. Charge à eux, de redistribuer cette somme, soit à des associations, soit à des collectivités.

Si la loi les autorise à le faire en toute discrétion, de plus en plus acceptent de lever le voile sur leur utilisation de l’argent public.

Ceux qui ne subventionnent que les villes. Le député (UMP) Franck Marlin, les sénateurs Vincent Delahaye (UDI) et Michel Berson (DVG) ne vont financer en 2013 que des projets portés par des communes. « En termes de traçabilité, je trouve cela plus sûr. Et je ne choisis que des villes de moins de 15 000 habitants, qui proposent un projet d’équipement public qui a du sens », explique Michel Berson dont la réserve a permis de rénover un pont, une école ou encore un gymnase. « Je ne l’utilise pas pour aider les associations, ça les mettrait trop en concurrence, et pour les communes, je ne donne rien à Massy. Il est hors de question que je me serve de mon mandat de sénateur pour favoriser ma ville », note le sénateur-maire de Massy, Vincent Delahaye.

Des aides de 600 € à 50 000 €. A l’image de la députée Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), certains parlementaires préfèrent aider peu mais beaucoup de monde. Chez NKM, 51 200 € sur les 110 000 € de réserves ont servi à…33 associations, pour acheter de l’éclairage, des épées pour la Fête des templiers de Longjumeau ou encore des kimonos.Avec à chaque fois des coups de pouce de 600 € à 10 000 €. La députée écologiste Eva Sas aussi a essayé de balayer large dans sa circonscription. « Avec quand même deux critères importants : essayer de promouvoir la jeunesse et aider les quartiers difficiles », explique l’élue, chez qui on retrouve une subvention pour une association… parisienne, la Barbe. « Je ne m’interdis pas d’aider une association même si elle n’est pas locale. Là, en l’occurrence, elle lutte contre le sexisme. »D’autres ont opté pour des sommes plus importantes pour aider un projet d’ampleur. Ainsi, le député Malek Boutih (PS) vient de donner 50 000 € à Sainte- Geneviève pour le jardin pédagogique du parc Pierre. Son collègue Thierry Mandon (PS) a octroyé près de 30 000 € à une association de rééducation par les sports équestres à Saintry.

Le « pot commun » des Verts. Chez les Verts, on joue collectif. Une partie des réserves parlementaires (30 000 € sur les 150 000 € du sénateur Jean-Vincent Placé, 13 000€sur les 130 000 € de la députée Eva Sas) a servi à un « pot commun ». Une somme que les parlementaires du groupe mettent tous de côté pour financer des associations nationales à visée écologique ou sociale, comme Réseau action climat, ou la Ligue des droits de l’homme.

Ils sont (presque) tous transparents. Sur les 15 parlementaires essonniens, un seul n’a pas du tout donné suite à nos sollicitations : le sénateur (UMP) Serge Dassault.Mais d’autres, ont choisi de ne dévoiler la répartition qu’en partie. Ainsi le socialiste Michel Pouzol ne souhaite pas communiquer les montants attribués aux projets (lire le détail sur notre site Internet). « Ce n’est pas pertinent de détailler somme par somme », estime-t-il.

FLORENCE MÉRÉO | Publié le 22 mars 2013, 07h00

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